vendredi, décembre 21, 2007

Noel.. encore !!

Kopaonik.

Noel...encore et toujours. Les dindes, les oies et les huîtres n'ont rien à craindre de nous, on déteste...!
Retour en janvier 2008.
des textes sur la Suisse, la Grèce, et plein de lectures.
Et pas de trève politique en Serbie (de toutes façons, il n'y a pas de confiseurs !!!), les élections présidentielles auront lieu le 20 janvier.


mardi, décembre 18, 2007

Souvent Sarkozy varie bien fol est ....

L'une est retouchée, l'autre plus.... plan média impitoyable !

Vive la culture Disney.... passer la nuit à Disneyland, on imagine d'autres Présidents...

jeudi, décembre 13, 2007

Un esprit clair

Stari Most, Vieux Pont, Belgrade. Fermé pour rénovation.

Pour sa justesse, la conclusion de Balkan Transit de François Maspéro.

"Prétendre se "promener" innocemment dans le labyrinthe des histoires ainsi forgées et forcément antagonistes est tout sauf innocent. (...) Toute tentative de dépasser les certitudes ancrées au plus profond des coeurs et des esprits peut être ressentie comme une offense et une blessure, et l'on me renverra alors à ma propre subjectivité. D'autant que je ne suis là que de passage, par définition léger, adjectif qui en induit un autre : superficiel. J'aborde avec légèreté des morceaux d'histoire dont des lecteurs se sentent souvent les détenteurs, les propriétaires (et c'est même souvent leur seul bien, en tout cas le plus cher, et pour eux il est sacré) : cette histoire est enracinée dans leur terre, gorgée de vies humaines, de sang, des sacrifices, d'événements tragiques, et toute recherche d'un autre sens que celui qu'ils leur donnent est sacrilège. (...) Je refuse donc de porter sur d'autres un regard angélique que je ne porte pas sur mon propre pays. Si je le faisais, ce serait une forme de mépris. La question la plus pertinente qui me fut posée sur la France est peut-être celle de l'étudiante de Sarajevo me demandant de lui parler des guerres de religion. Nous avons eu nos propres purifications ethniques, religieuses et, n'en déplaise à M. le délégué à la Langue Française rencontré à Skopje, linguistiques. Nous, Français du XXème siècle, avons seulement la chance que cela soit derrière nous. Rien ne nous dit que nous n'en avons pas encore une part devant nous, et ce qui se passe ou seulement se dit dans les contrées que j'ai traversées doit nous y faire réfléchir, si l'on s'en tient à mon propos initial qui est que ces contrées, sont bien au coeur de notre Europe. De même, je considère que j'ai le droit de ne pas juger en bloc des peuples et des nations en termes de bien et de mal, parce que je me suis moi-même efforcé de le faire dans mon esprit et, je dirai, dans ma chair, dès mon adolescence - lorsque j'ai décidé une fois pour toutes que je ne confondrai pas le peuple allemand et la nation allemande avec ceux qui ont torturé et assassiné les miens. De ces voyages, je suis sorti, moi qui aime profondément ma patrie, renforcé dans un sentiment : la haine de tous les nationalismes."




mercredi, décembre 12, 2007

SAS Prince Sarko


Hummmm, les aventures de SAS Prince Sarko dans tous les pays "border line" de la planète et avec tous les dirigeants foutraques de ce monde mal barré ....
Hummm, les penchants de Gerard de Villiers, de son héros et de SAS Prince Sarko pour la droite bien à droite, pour un univers de stéréotypes et de simplifications....

Pour l'instant , c'est Coup d'Etat à Tripoli, soit le n°108, donc il nous reste, pour ce qui nous concerne ici, Bombes sur Belgrade le n°136 et Pacte avec le diable n°152 entre Serbie et Kosovo, et je tremble à l'idée de l'Agenda Kosovo dont je ne connais pas encore le numéro...


"Et qu'est-ce qu'on ne dirait pas, hein, si je n'allais pas remettre de l'ordre dans tous ces pays où nous vendons des armes modernes, de beaux navions rafales, des centrales bien nucléaires, qu'est ce qu'on ne dirait pas, hein !"...

Si seulement, la brune Tatiana aux yeux de chats abyssins pouvait l'ensorceler et le garder claquemuré dans un monastère perdu qu'il soit très orthodoxe ou pas catholique du tout...!!!






mardi, décembre 11, 2007

Kosovo, Serbie, après le 10 décembre, toujours l'incertitude

Je n'aime pas parler du Kosovo. Avec des amis serbes, cela touche à des sentiments bien au-delà du politique. Une amie est partie de Pristina il y a dix ans, avec toute la déchirure d'un ratage, d'un exil et toute l'amertume d'avoir été le pion d'une tragique manipulation politique. Une autre a vécu sa jeunesse à la frontière, a subi les bombardements, a accueilli les réfugiés, a entendu toutes les histoires inimaginables, vraies et fausses, issues des deux camps, est partie comme traductrice auprès de l'équipe Kouchner. Auparavant, elles avaient toutes deux dû recoudre les lambeaux d'une famille serbo-croate pour l'une, bosno-serbe pour l'autre. Ce sont deux histoires extrêmement banales. Et elles aiment le Kosovo. Irrationnellement.

Je n'aime pas parler du Kosovo. Je n'aime pas parler de la tragédie à ses protagonistes encore meurtris par tant de sang versé. Je ne peux pas en parler alors que je viens d'un univers désormais uniquement préoccupé de sécurité, de précaution et d'assurance tout risque. Alors que je ne suis que de passage.
Et puis, la situation ne m'apparaît qu' enfouie sous des monceaux de propagande européenne, serbe, onusienne, albanaise et religieuse .... Ensuite, le kosovo a une telle dimension mythique, il nourrit l'art, la littérature, le théâtre, la religion... en parler à la légère, sans le poids de cette transmission culturelle, je n'arrive pas à me le permettre.

Depuis deux semaines environ, des artistes et des intellectuels belgradois, dont Emir Kusturica, s'affichent en 4X3 dans les principales rues de Belgrade pour déclarer "Kosovo je serbia".
Et le gouvernement serbe a lancé aussi une campagne d'affichage officielle très surprenante. Les affiches, posées dans toute la ville, reprennent des citations célèbres, légèrement modifiées. "Le moment est venu de montrer que nous sommes des hommes libres ou des esclaves", clame en serbe et en cyrillique, George Washington, élégant et sévère à la fois. "Nous défendrons ce qui est nôtre, nous ne nous rendrons jamais" tonne un Winston Churchill, qui pose de manière surréaliste à côté du drapeau... britannique ! Abraham Lincoln, Charles de Gaulle, Willy Brandt et John F. Kennedy font aussi partie du casting ! C'est totalement décalé comme campagne d'affichage ! Serbissime.

Sinon, sur RFI, on a pu entendre l'un des très bons spécialistes de la région, le journaliste Jean Arnault Derens. Je reproduis ci-dessous sa chronique.


Ce lundi, la troïka diplomatique doit remettre son rapport au secrétaire général des Nations unies. Ce texte entérinera l’échec des négociations entre Serbes et Albanais. Que se passera-t-il ensuite ? Si l'hypothèse d'une déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo semble s'éloigner, les dirigeants kosovars ont néanmoins annoncé lundi matin qu'ils engageaient « avec leurs partenaires internationaux » des consultations de coordination en vue d'une proclamation d'indépendance.

Les efforts de la troïka diplomatique (Etats-Unis, Russie, Union européenne) auront été vains. Le dernier round de négociations entre Belgrade et Pristina, entamé cet été, s’achève par un constat d’échec. Aucun compromis n’est envisageable entre la position des Albanais, qui ne veulent entendre parler que d’indépendance, et celle de la Serbie, prête à concéder les formes les plus avancées d’autonomie, mais en excluant toute indépendance formelle.

Le Kosovo et l’ensemble des Balkans entrent donc à nouveau dans une phase d’incertitude et de turbulences. Les Albanais envisagent de proclamer rapidement leur indépendance, mais les dirigeants de Pristina ont néanmoins répété qu’ils ne feraient rien « sans concertation avec la communauté internationale ». Une autre échéance importante figure déjà sur les agendas diplomatiques : la réunion du Conseil de sécurité, convoquée le 19 décembre. Il est cependant peu probable qu’une solution miracle apparaisse à cette occasion, d’autant plus que la Russie, hostile à toute forme d’indépendance du Kosovo, dispose d’un grand pouvoir de blocage, du fait de son droit de veto. En théorie, la résolution 1244 du Conseil de sécurité, adoptée le 11 juin 1999, devrait donc rester en vigueur : celle-ci reconnaît explicitement la souveraineté de la Serbie sur le Kosovo. C’est également en fonction de cette résolution que sont déployées les troupes de l’Otan au Kosovo.

Une proclamation unilatérale rapide de l’indépendance pourrait donc aboutir à une situation kafkaïenne. Elle serait considérée comme nulle et non avenue par Belgrade, mais aussi par les Serbes du Kosovo. Elle placerait les troupes de l’Otan et la mission civile des Nations unies dans une position aberrante, puisque celles-ci se référeraient toujours à une résolution n’ayant plus aucun rapport avec la situation sur le terrain.
Eviter tout recours à la violence

Les Européens multiplient les pressions pour convaincre les Albanais de surseoir à toute déclaration d’indépendance trop précipitée, et notamment de ne rien entreprendre avant les élections présidentielles serbes, qui devraient avoir lieu à la fin janvier : pour l’Union européenne, il s’agit de ne pas compromettre les chances de réélection du président Boris Tadic, issu du camp démocrate. Une détérioration de la situation au Kosovo pourrait en effet favoriser électoralement l’extrême-droite serbe.

De surcroît, les Européens ont le plus grand mal à cacher leurs profondes divisions sur le sujet. Alors que certains pays sont, tout comme les Etats-Unis, favorables à une reconnaissance rapide de l’indépendance – il s’agit essentiellement de la France et de la Grande-Bretagne – d’autres sont résolument hostiles à cette perspectives : l’Espagne, la Slovaquie, la Roumanie, la Grèce et Chypre. D’autres pays prônent enfin une attitude prudente et réservée, comme l’Allemagne et l’Italie. La Slovénie, qui doit prendre la présidence de l’UE le 1er janvier prochain, souligne qu’une bonne solution devrait associer la Serbie, sans lui être imposée…
L’UE craint enfin les risques régionaux que pourrait avoir un geste unilatéral de Pristina. Les Serbes de la Republika Srpska de Bosnie considèreront en effet ce qui se passera au Kosovo comme un précédent, et pourraient, eux aussi, proclamer la sécession de leur « entité ». D’ailleurs, le Parlement de la Republika Srpska est convoqué en séance exceptionnelle dès mardi.
Les dirigeants albanais devraient être sensibles à ces pressions européennes. Cependant, ils doivent aussi tenir compte de l’impatience de la population, qui est avant tout désireuse qu’un terme soit enfin trouvé à l’interminable attente du « statut final ». Des éléments radicaux sont également actifs, et pourraient provoquer des troubles en cas de nouveaux reports.
La situation dans le nord, serbe, du Kosovo ne manque pas non plus d’inquiéter, et l’armée de Serbie, placée en état d’alerte, a déclaré qu’elle est prête à faire face « à toute situation ». Un seul point peut rassurer : la troïka a confirmé que les deux parties s’étaient formellement engagées à éviter tout recours à la violence. Une promesse qui sera peut-être difficile à tenir.

lundi, décembre 10, 2007

Skopje l'été dernier

Avec le début des frimas, on ne souvient presque plus de la canicule de l'été dernier. Parfois le thermomètre restait bloqué au-delà de 40° pendant plusieurs jours d'affilée, lorsqu'il descendait à 35°, on respirait et recommençait à sortir. A Skopje, à l'intérieur des terres, c'était la fournaise. Dans la journée, la ville était vide, puis toute la nuit, les habitants prenaient l'air et le frais (relatifs). Les terrasses étaient bondées, le pont était un night-club à ciel ouvert.



Le Vieux Hamam

Ici, le chauffeur de taxi, une professeur de philosophie, un informaticien parlent d'Alexandre le Grand comme s'il s'agissait de leur grand-père et des Saints Cyrille et Methode (introducteurs du slavon, précurseurs du cyrillique) comme s'ils les avaient rencontrés hier. D'autres sentent bien tous les dangers de cette exaltation historique. Le conflit avec la Grèce sur l'héritage antique et le nom de Macédoine semble s'estomper. L'intégration européenne approche.
On va et vient entre les temps les plus anciens et le futur ambitieux de ce tout petit pays. Un petit pays plein d'énergie, jeune, et qui sait ajuster en permanence les complexes dimensions de son multiculturalisme. On parle aussi surtout de l'exceptionnelle canicule.

Notre hôtel, kitschissime, au-dessus de la ville. Pour ceux qui détestent le tourisme de masse, c'est une destination à privilégier. Lors d'un deuxième séjour, l'Holiday Inn était vide. Inutile de réserver vous préviennent les réceptionnistes, ce ne sont pas les chambres qui manquent...

Au loin, une croix gigantesque domine la ville.

Mère Térésa, albanaise, est née à Skopje. Un grand monument le rappelle dans le centre.

"Et bientôt, les buildings de Skopje, la ville la plus neuve d'Europe, puisque entièrement reconstruite après le grand tremblement de terre de 1963. Reconstruite et définitivement inachevée. (...) Skopje : un urbaniste japonais pour la rive droite du Vardar où la ville s'adosse à la montagne, un architecte polonais pour le Musée d'Art Moderne, et combien d'autres encore, ont participé à la reconstruction, après le séisme. C'est comme un concours internaional d'urbanisme dont on aurait permis à chaque concurrent de construire son projet en grandeur réelle pourvu qu'il l'abandonne ensuite, primé ou pas, sur le terrain. Fruit d'un grand élan de solidarité, la capitale de l'ex-République fédérée de Macédoine a quelque chose d'inachevé, un puzzle dont les morceaux resteraient à distance les uns des autres. Une autoroute passe en tranchée dans la tcharchia reconstituée, mosquées et échoppes au pittoresque renforcé, et franchit le fleuve en doublant l'étroit pont ottoman. De larges avenues, des rues au carré qui continuent à s'appeler Gorki ou Leninova, des barres hérissées de tours comme des murailles crénelées, ciment, verre et briques, sur des dalles piétonnières dont les allées sont tellement identiques qu'on s'y perd à coup sûr...."

François Maspéro, Balkans Transit
Mais aussi, dix ans après, beaucoup de verdure, de fleurs (un peu désséchées certes dans la chaleur), de la musique partout, des bars, des cafés, de la vie bouillonnante...malgré la sensation d'enfermement d'une capitale coincée entre des pays qui ne s'aiment guère.


La Place Centrale

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samedi, décembre 08, 2007

ERRATUM !!!!

Je me suis grossièrement trompée dans mon avant-dernier post concernant la "défédération" et la nouvelle carte géo-politique du territoire balkanique.

Pour en savoir plus :
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/serbie-montenegro/index.shtml
et
http://www.monde-diplomatique.fr/index/pays/balkans

Et puis, dans le post "Huit mois", j'entends par stigmatisation des classes dangereuses, le fait même de désigner certaines classes sociales ou groupes sociologiques comme dangereux presque "par nature". Cela allait sans dire mais certains commentaires me font penser que cela va mieux en le disant.

Angélique boxe

Douai depuis le Beffroi

"Il me restait encore une chose à apprendre : partir. Il y a un poème de Cendrars qui dit : "Quand tu aimes, il faut partir". Mais je ne crois pas qu'il voulait parler d'une femme ou d'un homme. Peut-être simplement de la vie. J'ai compris que je voulais partir parce que j'aimais la vie, et sans doute aussi pour m'aimer un peu plus. Et je crois que ça, c'est pas facile, s'aimer un peu. (...) "

"Quand partir n'est pas fuir.

Quand la solitude n'est pas seulement un refuge." Richard Couaillet, Angélique boxe.

Cela arrive parfois. Lire le livre d'une personne que l'on connait bien, ou du moins suffisamment bien pour avoir séjourné dans sa maison, pour l'avoir invitée dans la sienne seule ou avec sa famille, et depuis des années.C'est toujours étrange.

Lorsqu'il s'agit d'un essai, c'est plus simple. Régulièrement, nous avons évoqué la thèse centrale ensemble. Certaines "private joke", certaines charges ou hommages, font sourire, mais rien d'inconnu véritablement ne se révèle dans le livre.

Lorsqu'il s'agit de théâtre, c'est plus professionnel. Le plus souvent nous en avons parlé des journées et des soirées entières, passant au crible chaque personnage, chaque situation dramatique, esquissant à grands traits le contexte politique, sociologique de la pièce. Et puis, la lecture en solitaire succède en général à la mise en scène. La lecture devient le souvenir de représentations fortes en émotions contradictoires selon les soirées.

Lorsque c'est un roman, tout est différent. Soit le roman ressemble à son écrivain (enfin à l'image que l'on se fait de lui lorsqu'on dine, passe des week ends, discute avec lui...), ou tout au moins rassemble ses obsessions, ses thématiques favorites, et le rythme même reflète son mode de vie. Alors là, on ne ressent aucune surprise simplement admiration, agacement, amusement, et tout en lisant on envoie moults clins d'oeils et sourires entendus aux lignes qui défilent.
Soit pas du tout !

Et avec Angélique boxe (Actes Sud), c'est bien le cas.
Seul le décor, le Nord de la France et ses terrils, ses cités minières , ses cités plus récentes, me rappelle son auteur.

Angélique et sa mère sont douées pour la vie dans un univers qui la vide au goutte à goutte. Angélique ressemble, sans doute un peu, à l'adolescente qu'aurait pu être l'héroïne d'Eastwood dans Million Dollars Baby.
Comment ne pas penser à cette héroïne, les femmes qui boxent ne sont pas nombreuses dans notre imaginaire.
Elle boxe pour exister, pour imprimer sa marque dans un réel qui voudrait l'effacer parce qu'elle n'est socialement pas grand-chose et vient d'une histoire et d'une région qui n'existent plus. Elle boxe les imbéciles, ceux qui se soumettent et s'humilient volontairement, ceux qui soumettent et humilient sadiquement.

Et puis, elle part, elle ne fuit pas, elle prend le large. La compréhension de ce qu'un départ peut vouloir dire est profondément touchante. Bouleversante.

Voilà, c'est un beau et simple livre, court, nerveux, qui nous bouscule. Avec des personnages qui continuent deux semaines après de rester à mes côtés : les frères d'Angélique sont des jeunes hommes pas compliqués, bienveillants, entiers, intègres, je les aime beaucoup ; Monsieur Duçon existe, je l'ai rencontré en de multiples exemplaires, là il est réduit à sa quintessence de frustrations et de mesquineries, et c'est très bien ainsi ; le père est le héros émouvant d'une histoire sublime dont il n'a pas les mots...

"J'ai rien à embaumer. J'ai jamais aimé les sarcophages." Angélique c'est une révolutionnaire qui s'ignore encore : "Je n'ai jamais compris ce que cela voulait dire. Et puis même, gagner sa vie, ça voudrait dire qu'il y aurait quelqu'un pour dire si on y a droit, à cette vie. Qui ?"

vendredi, décembre 07, 2007

Des pays qui n'existent plus, suite...

"Le pont dressait sa silhouette, comme condamné, mais intact et entier, entre deux mondes en guerre." Ivo Andric, Le Pont sur la Drina, chapitre 23.
Le Pont sur la Drina à Visegrad, ce jour là des enfants dansaient en costume traditionnel.

Pour revenir en Serbie, depuis Dubrovnik, il faut passer par Gorazde, ville encore hagarde et détruite, ville martyrisée, à Gorazde, on ne peut que se taire, puis,

il faut traverser Visegrad où se trouve le très célèbre Pont sur la Drina dont Ivo Andric a fait un symbole et un roman indispensable à tout amoureux de la littérature et des Balkans. Et aussi pour comprendre quatre siècles de domination ottomane puis austro-hongroise.

Ce pont relie les deux rives de la Drina, mais aussi la Serbie et l'ex Bosnie (désormais Visegrad se trouve en Republika Srpska, tout comme Mostar se trouve dans la Fédération croato-musulmane, ces régions autonomes sont fédérées dans la Bosnie Herzégovine; mais l'une regarde la Serbie, l'autre la Croatie. Dès que le Kosovo déclarera son indépendance, elles pourraient manifester des vélléités similaires... Pour l'instant, ça semble assez n'importe quoi mais cela permet de reconstruire un semblant de société...).

Ivo Andric était bosniaque de naissance, de parents croates et serbe par ses engagements durant la seconde guerre mondiale. Un croisement identitaire tout à fait banal ici, et soudainement devenu dramatique, il y a si peu de temps, au coeur de notre Europe.


La Neretva qui traverse Mostar, la Drina qui traverse Visegrad sont splendides. Leur eau verte - le vert de la Neretva varie de l'émeraude au jade, celui de la Drina est d'un ton profond, sombre, souverain - est d'une luminosité sans pareille. Cette couleur unique vaut tout un voyage. Ce voyage sur des routes sans nom, sans tracé, remplies de bestiaux qu'il faut pousser ou convaincre de se pousser, à travers des villages et des villes coupés, déchiquetés, minés, désertés au beau milieu de paysages stupéfiants de beauté et d'intégrité.



"En bas, il y avait aussi le pont détruit, atrocement, cruellement, coupé en deux. (...) Voilà que même le pont du vizir avait commencé à se défaire comme un collier de perles ; et lorsque cela commençait, plus personne ne pouvait l'arrêter." chapitre 24.

Huit mois...

Ce n'est pas un représentant de la police (les oppositions simplistes sont toujours fausses) sur cette affiche mais un représentant d'une quelconque autorité non adulte, non mâture, de cette autorité qui vient de prendre le pouvoir dans mon pays de naissance. Je l'ai vue lors d' un passage en novembre à Paris juste avant Villiers Le Bel.
"Quand on pratique des réductions de complexité, , on ne peut jamais choisir qu'entre l'effroyable et le pas tout-à-fait effroyable." Peter Sloterdijk

Huit mois déjà, un bilan :
- des centrales nucléaires vendues à des pays bafouant les droits de l'homme et tous les traités, des pays où le solaire et les énergies alternatives auraient pu être développés avec succès et à grande échelle, des pays qui n'ont pas de culture de la sécurité technologique (elle est déjà considérée comme endormie sous le poids des routines dans la France hypernucléarisée, selon les derniers rapports), des pays aux avant-postes des bouleversements climatiques (et nous savons comment nos centrales sont vulnérables, on l'a vu lors de la canicule 2002 et de la tempête de 1999), des pays qui produiront des déchets nucléaires supplémentaires dont on ne sait que faire....
- des sans-papiers défenestrés
- un Ministère d'inspiration vichyste
- des traîtres récompensés par des postes ministériels
-un discours de Dakar inepte et scandaleux
- un cadeau fiscal énorme dépensé en pure perte
- la vulgarité et l'anti-intellectualisme érigés en valeurs d'état
- des sans abri laissés à l'abandon
- l'annonce d'une vente de 3% d'EDF trop tôt et la perte d'1,5 millions d'euros
- la suppression de l'impôt de bourse
- le démantelement du code du travail
- l'impunité pour l'UIMM et le détournement de millions d'euros
-la paupérisation du Ministère de la Culture
- l'instrumentalisation à des fins de propagande de l'histoire et des historiens
-la stigmatisation des classes dangereuses
- l'excitation du racisme, de la bêtise, du ressentiment
-la valorisation de l'incompétence généralisée
-la malhonnêteté exercée sans scrupule au plus haut sommet de l'état
-des Grenelle pour rien en veux-tu en voilà
-les droits humains piétinés

et j'en oublie sûrement...

Bon, la seule chose qui doit nous réjouir c'est l'abolition de la gratuité de la redevance télé pour les personnes âgées, peut-être qu'ils regarderont moins la pravda audiovisuelle et qu'ils voteront moins con la prochaine fois... On peut toujours rêver.

Sinon, à Solférino, c'est toujours Halloween même en décembre, maison hantée, ectoplasmes gaffeurs, revenants hideux, fantômes blagueurs, train du cauchemar... c'est mieux qu'à la Fête à Neu-neu.... Vivement Noël !

jeudi, décembre 06, 2007

Nos pays qui n'existent plus...



Le lendemain du 6 mai, jour de défaite dure à avaler, sauf à liquider le stock domestique de rakija, départ immédiat pour un long voyage au coeur de "ce pays qui n'existe plus" comme l'écrit Emir Kusturica dans le générique d'Underground.

Dont la chanson principale écrite par Goran Bregovic dit : ""Oh Dieu, donne moi juste une grosse Kalashnikov..." , ce sont ces paroles et ces rythmes qui ne manqueront pas de m'accompagner, leur ironie dévastatrice, leur humour noir jubilatoire, leur esprit totalement balkanique.

Six mois après, je peux affirmer que cette défaite est celle de l'esprit et de la culture d'une certaine Europe aristocratique et populaire face à la vulgarité, au consumérisme, au clinquant, au ressentiment de la société du spectacle. Est-elle définitive ? Oui. Mais d'autres esprits et une autre culture l'emporteront à leur tour. A nous de les faire advenir.

Première étape, Sarajevo. Séjour dans l'Holiday Inn, tout jaune, situé au bord du sinistre sniper boulevard. Un hôtel qui fut durant les années de siège le seul encore ouvert, le seul encore où eau et électricité pouvaient fonctionner selon les jours.

L'Holiday Inn de Sarajevo
Bernard Henri Levy a vécu là durant ses 10 séjours dans la ville entre 1992 et 1995.
" 12 août, suite . Je parlais ce matin de la recrudescence du sniping dans la ville. Eh bien, cet après-midi, l'un des réceptionnistes de l'Holiday Inn a été "snipé" sous mes yeux, à vingt mètres, en haut de la rampe qui descend au parking de l'hôtel. La balle est entrée par la tempe. Ressortie par la joue opposée. (...) Quant à moi, je ne peux m'empêcher de repenser à notre violente dispute d'hier : c'est lui qui, au nom de je ne sais quel fumeux prétexte, a décidé de garder mon passeport et je l'ai traité avec une violence, qui, rétrospectivement, me fait de la peine, de "bureaucrate titiste". (...) Il vivra. Je ne sais pas dans quel état, mais il vivra. Et je me surprends à le ressentir comme un soulagement égoïste et intime. Un sniper ? Le pouvoir au bout du fusil" BHL, Le Lys et la cendre

Les tramways de Sarajevo


Sarajevo, on ne sait pas comment éviter le voyeurisme, les meurtrissures s'offrent de toutes parts. La ville est plombée, pour combien de temps encore ? Seule la Place aux Pigeons et le Bazar donnent une vraie sensation de vitalité. Peut-être parce qu'ils échappent, de peu, à notre vision européenne. En filigrane, derrière toutes les fenêtres de cette ville cernée par les collines, que l'on ne regarde plus sans en percevoir le poids menaçant, les tragédies antiques, rejouées dans le réel de nos dix dernières années, que raconte terriblement bien Miljenko Jergovic dans Le Jardinier de Sarajevo.

Deuxième étape, Mostar. Tragique. Compréhension de ce que Bogdan Bogdanovic conceptualise comme un "urbanicide". "Car les villes ne se démolissent pas seulement de l'extérieur, physiquement, elles peuvent aussi se détruitre de l'intérieur, spirituellement. (...) Ce que je crois déceler dans les âmes paniquées des destructeurs des villes, c'est une résistance féroce contre tout ce qui est urbain, c'est-à-dire contre une constellation sémantique complexe composée de l'esprit, de la morale, du goût, de la manière de parler, du style... Je rappelle que le terme d'urbanité, en usage depuis le XIVème siècle, désigne jusqu'à ce jour dans les principales langues d'Europe le raffinement, l'articulation, l'accord de l'idée et du mot, du mot et du sentiment, du sentiment et du geste, etc... Et lorsqu'un homme ne sait pas se soumettre aux lois de l'urbanité, la solution la plus commode pour lui est de les égorger. Le destin de Vukovar, de Mostar, de Bascarsija évoque pour moi, en une fatale appréhension, le destin de Belgrade." L'urbicide ritualisé, in Vukovar, Sarajevo, la guerre en ex-Yougoslavie.

Mostar, centre ville

Mostar touristique existe pourtant, une rue bourrée de marchands avec de mauvais souvenirs de pacotille et le pont impeccablement reconstruit. La vue est splendide. Mais une gêne oppressante, où s'entassent les habitants des quartiers "nettoyés", "karchérisés" ? Qui sont les nouveaux occupants ? Mostar tente de survivre mais elle est saignée à blanc. Et l'énergie de Sarajevo n'est pas là, la résistance à la purification n'a pas été aussi tenace.
Le Vieux Pont de Mostar, désormais entièrement neuf
Traversée de la Bosnie, un espoir européen ?
Ou coïncidence grincante ? A la sortie de Mostar, sur un immeuble explosé et parsemé d'impacts, cette affiche pimpante.

Sortie de Mostar

Se reposer les yeux dans le Disney croate de Dubrovnik, désormais rendez-vous incontournable des retraités gâtés de l'occident. Un leurre. Dubrovnik est agaçante, irritante. Une publicité. Le temps est beau, on se baigne en ce mois de mai 2007 et la mer est douce, délicieuse, pas encore envahie par les bateaux de croisière hideux. On s'échappe chez des amis au Montenegro, impression de retourner dans les Balkans. Dubrovnik, une enclave déjà trop climatisée, façon serre pour troisième âge repus.

Dubrovnik, vue de la vieille ville depuis le luxueux Grand Hotel Argentina

Troisième étape, Republika Srpska, cette curieuse entité tampon entre Bosnie et Serbie.Que s'est-il passé dans les villages qui s'égrènent et offrent ces visions lugubres ?





"Les premiers coqs! Trompettes malfaisantes, ils hâtent le temps, l'éperonnent pour qu'il ne s'endorme pas, pressent les malheurs, les font se lever de leurs nids, pour nous accueillir, toutes griffes dehors. Taisez-vous, coqs, arrête-toi, temps ! Vais-je hurler dans la nuit, pour ameuter les gens, appeler à l'aide ? C'est inutile. Les coqs sont sans pitié, ils donnent déjà l'alarme. (...)Les vivants ne savent rien. Apprenez-moi, ô morts, à mourir sans effroi, du moins sans horreur. Car la mort est un non-sens, comme la vie." Mesa Selimovic, Le Derviche et la mort.

Ce roman, écrit dans les années 60 et qui se déroule au XIXème siècle, est à l'image de cette Bosnie, une quête de sens insensée, un kaleidoscope de la condition humaine, une terre que l'on ne peut qu'aimer sans raison aucune, parce qu'il n'y a jamais aucune raison pour ceux qui aiment, qui pensent, qui s'émeuvent. Cette partie de l'Europe nous donne une stupidité métaphysique d'un romantisme échevelé. Me comprendont ceux qui la connaissent ...

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Le vote des français de l'étranger

jeunes femmes, quai de la Save, Belgrade 2007

"Je voudrais affirmer qu'il n'y a encore jamais eu autant d'êtres humains ouverts au monde, complexes et créatifs qu'aujourd'hui, même s'ils ne se trouvent pas sur les points les plus visibles des sociétés."
Peter Sloterdijk, Ni le soleil, ni la mort


Avant de conclure définitivement, cet épisode électoral qui a occupé tout mon printemps, la synthèse des résultats du 2nd tour à l'étranger et un joli commentaire en langue de bois comme je les affectionne particulièrement ;-))

Inscrits 821 919
Votants 346 610 (42,1%)
Blancs ou nuls 6 217
Exprimés 340 093

Nicolas Sarkozy 183 613 (53,99%)
Ségolène Royal 156 480 (46,01%)

A Belgrade, les deux candidats sont arrivés à égalité, 50/50

La participation a progressé de près de 2% en comparaison au premier tour.

Ségolène Royal améliore de 4,5% le score obtenu par Lionel Jospin au second tour de l'élection présidentielle de 1995.
En valeur absolue, le total de voix recueillies par notre candidate double par rapport à 1995.

L'évolution sociologique des communautés françaises tout autant que le travail militant enthousiaste et sérieux conduit depuis des années par les sections et les adhérents isolés du Parti Socialiste ainsi que par l'ADFE Français du Monde sur le terrain expliquent ces résultats remarquables.
Ils doivent nous encourager pour regarder l'avenir avec confiance.
Plus rien désormais ne légitime les affirmations récurrentes sur le vote massivement à droite des Français à l'étranger.

La répartition des suffrages exprimés par grande région du monde est la suivante :

Europe 47,14% (dont Union européenne 34,95%),
Amériques 19,55% (Amérique du nord 13,76% et Amérique latine 5,79%),
Afrique 18,73% (Afrique du nord 7,39% et Afrique sub-saharienne 11,34%)
Asie-Levant (14,56%).

En Afrique : pour la première fois, le Parti Socialiste et la gauche l'emportent (52,85%). Ségolène Royal obtient un résultat historique de 60,03% en Afrique du Nord (39,51% pour Lionel Jospin en 1995). Elle recueille 80,5% des voix en Algérie et 70,5% en Tunisie. Elle gagne en Egypte (55,5%) et l'emporte aussi à Rabat, Fès et à Tanger. Ségolène Royal recueille 48,17% des suffrages en Afrique sub-saharienne (36,53% pour Lionel Jospin en 1995). Elle l'emporte avec des scores remarquables, parfois même au-delà de 70%, au Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cap Vert, Centrafrique, Comores, Ethiopie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Kenya, à Madagascar, au Mali, en Mauritanie, au Mozambique, Niger, en Ouganda, au Sénégal, Soudan, en Tanzanie, au Togo, en Zambie et au Zimbabwe. Ségolène Royal l'emporte également à Yaoundé.

Amériques : Ségolène Royal obtient 44,28% des suffrages dans l'ensemble des deux continents (35,84% pour Lionel Jospin en 1995). Elle recueille 43,85% en Amérique du Nord. Elle gagne au Canada avec 53,9% des suffrages. Son score au Québec et dans les provinces de l'est canadien approche 56%. L'Amérique latine donne 45,30% à notre candidate, qui l'emporte en Argentine, Bolivie, Colombie, à Cuba, en Equateur, au Honduras, Nicaragua et en Uruguay.

Europe : Ségolène Royal obtient 47,94% des suffrages (47,06% pour Lionel Jospin en 1995). Elle l'emporte dans l'Union européenne à 27 avec 50,24% (50,86% dans l'ancienne Union à 15 et 36,55% dans les 12 récents Etats membres). Ségolène Royal gagne en Allemagne, Autriche, Danemark, Espagne, Finlande, Grèce, Irlande, Italie, Lettonie, Pays-Bas, Portugal et Suède. Elle gagne à Edinbourg. Hors de l'Union européenne, elle l'emporte en Albanie, Islande (87%), Macédoine, Moldavie et Norvège.

Asie-Levant : Ségolène Royal recueille 33,27% des suffrages, en progression de plus de 5 points par rapport à Lionel Jospin en 1995. Elle gagne en Afghanistan, aux Iles Fidji, en Jordanie, au Laos, en Mongolie, au Népal, en Nouvelle-Zélande, Ouzbékistan, au Pakistan, en Papouasie-Nouvelle Guinée, au Sri Lanka, en Syrie, en Turquie et au Yémen. Elle gagne également à Pondichéry, Osaka et Hanoi.

Sincèrement, ces résultats doivent nous conduire à rassembler et fédérer les français de l'étranger autour d'un projet de gauche socialiste et écologiste porteur des valeurs de solidarité, de progrés social, de morale politique et de respect des générations futures.

On repart


Ce blog va repartir !


Il était temps....!!!!
Décollage dans quelques heures... (ci-dessus, le musée de l'aviation près de l'aéroport Nikola Tesla, il aurait besoin d'une rénovation...)