dimanche, janvier 27, 2008

Conversations en Serbie : Tadic, Djokovic, SocGen, Bruni

C'était mon anniversaire le 24 janvier.
Première d'Aida de G. Verdi au Sava Centar. Acoustique moyenne dans cet immense Palais des Congrès construit pour la réunion des pays non alignés à la grande époque de Tito.
Décor et mise en scène kitchissime. Verdi fonctionne à plein régime notamment lorsque les trompettes s'en mêlent !
Diner ensuite avec les amis.
Quatre thèmes de conversations incontournables :
1) le second tour des élections présidentielles. Tout dépend maintenant du report des voix et des abstentionnistes. Kostunica, l'actuel premier ministre, détient aussi une partie de la victoire. Le candidat qu'il soutient a réalisé un peu plus de 7%. Tout va se jouer dans un mouchoir de poche.
2) La victoire ou non du match France / Serbie. Voilà, aujourd'hui, c'ets joué, le beau, le magnifique jeune Novak Djokovic a gagné. Un présage pour dimanche ?


3) La Société Générale et son trader fou ? Une belle histoire pour enfants très sages et trsè naïfs du libéralisme.

4) Les photos de Carla Bruni nue dans un journal espagnol et l'adolescent immature qui se joue du pouvoir et de laRépublique comme d'une nintendo en France, et qui va la transformer en symbole de notre, désormais, petit pays.

Voilà un aperçu de ce qui agite cette semaine notre petite communauté.

A noter aussi mon écoeurement à la lecture d'A. Finkielkraut dans Libé. Non content de délirer sur toutes les ondes radio, le voilà qui plagie sans citer ses sources. Lorsqu'il clame dans Libé que nous sommes passés de l'homme cultivé à l'enfant gâté : il pioche sans hésiter dans Sloterdijk. La gâterie, l'enfant gâté sont un concept et un personnage majeur de la philosophie des sphères et du palais de cristal... Là où ils ont raison tous les deux toutefois, c'est que ni le journaliste, ni les confrères ne relèveront cette malhonnêteté, l'homme (et la femme ) cultivé sont en voie de disparition.





lundi, janvier 21, 2008

Nikolic et Tadic, deux Serbies

Quelques réflexions à chaud.

Les résultats de la présidentielle en Serbie soulignent d'abord le regain d'intérêt de la population pour la politique puisque la participation bat tous les records pour la Serbie, plus de 63%.
Mais ce regain profite aux forces réactionnaires pour plusieurs raisons.

Même si la victoire de Nikolic au premier tour n'implique pas son triomphe automatiquement au 2nd tour (encore que Tadic ne dispose pas de réserve de voix très importante et il faudrait qu'aucune voix ne lui manque, pas une seule, pour l'emporter le 3 février...), ce résultat de 1er tour doit alerter l'Europe.

Les électeurs serbes ont réagi à la mesure de l'humiliation que leur inflige l'Europe depuis la fin de la guerre, et notamment en matière de politique restrictive de délivrance des visas qui est vécue depuis plusieurs années comme une vexation intolérable et injuste. Ce point focalise tous les ressentiments anti-européens.
Les jeunes qui n'ont pas connu l'ère Milosevic et ne l'ont pas soutenu, ceux plus âgés qui ont participé aux manifestations de rue de l'annnée 2000 et qui ont obtenu sa déchéance, ceux encore plus âgés qui voyageaient dans toute l'Europe avec leur passeport yougoslave, ne comprennent pas cette stigmatisation de la Serbie et cette clôture des frontières. Les serbes se sentent profondèment européens, ils sont fiers de leur appartenance à l'Europe historique, ils se battus pour cette Europe durant les deux guerres mondiales, ils ont payé un lourd tribu dans la longue histoire de la construction européenne. Ils se sentent d'autant plus humiliés de ce refus des visas.

De même, l'imprévoyance du TPI dans la mort inattendue de Milosevic a privé la Serbie d'un procès historique - ô combien nécessaire à l'expulsion d'un refoulé de guerre et à un travail de mémoire qui de ce fait a été reporté aux calendes grecques- et qui est largement responsable de la situation actuelle où l'Europe n'est plus perçue comme une alliée.

La situation économique et l'inflation ne poussent pas non plus vers cette Europe des réglementations, des contraintes sanitaires, des logiques de préventions de risques perçus comme coûteuses (obligation de contracter des assurances, de se soumettre à des procédures qui nécessitent des investissements impossibles à réaliser pour les petits entrepreneurs par exemple) et franchement inutiles dans un pays où on fume comme on respire, où on boit du café et de la rakija comme de l'eau minérale. Au contraire, l'Europe agit ici comme un repoussoir, même au sein des classes les plus cultivées, les plus pro-européennes.

Le soutien trop affiché des dirigeants européens à Tadic a été aussi ressenti comme une ingérence insupportable. Beaucoup se demandait comment réagiraient les autres pays européens si les serbes soutenaient aussi ouvertement un candidat plutôt qu'un autre.

Bref, en tous points, l'Europe ne comprend pas la Serbie, et avec ses gros sabots, risque de pousser le pays dans les bras d'un nationalisme archaïque.

La question du Kosovo est autre. Même les électeurs de Nikolic savent que le Kosovo deviendra indépendant. Nikolic ne déclenchera pas une cinquième guerre serbe. Personne ne veut revivre cela ici. Absolument personne. Ceux qui disent le contraire sont des agités du bocal qui ne représentent que leurs fantasmes. Mais la question du Kosovo s'inscrit dans un imaginaire patriotique et religieux exalté. Les serbes veulent avoir le sentiment de ne pas céder à la pression extérieure, de décider souverainement, et surtout veulent donner ce sentiment aux autres pays ex-yougoslaves, notamment la Bosnie (qui pose d'autres problèmes encore).
Là encore, l'insistance européenne sur ce sujet pendant ces élections (Sarkozy et Kouchner criant sur tous les toits que l'indépendance du Kosovo est un préalable à toute candidature de la Serbie dans l'UE par exemple) a été franchement nuisible.

Je crois que tout a été fait maladroitement par l'Europe pour ce que résultat se produise.

Nikolic et Tadic révèlent les deux faces d'une Serbie aujourd'hui profondément clivée.

Ceci est une analyse personnelle, et nous attendons avec impatience le 2nd tour de l'élection présidentielle.

samedi, janvier 19, 2008

Meeting de Boris Tadic

Avant hier, à l'Arena, se tenait le dernier grand meeting à Belgrade de Boris Tadic, le Président sortant.
Ambiance enthousiaste et tranquille. Excellente musique, discours de soutien de sportifs et d'artistes. Beaucoup d'intellectuels, de représentants de la nouvelle classe moyenne, public plutôt BCBG, voire bobo comme on dirait à Paris, autour de la quarantaine.
20 000 personnes rassemblées et une organisation très professionnelle.

Boris Tadic a de la chance. Son prénom décliné au vocatif, c'est à dire Boricé, veut dire "Luttons !". Donc l'assemblée pouvait crier Boris, "Borissé" (je n'ai pas de clavier cyrillique et ne peut donc que reproduire phonétiquement) avec beaucoup de sens et d'émotion.


L'Arena à Novi Beograd, toute neuve, construite pour le championnat de basket, il y a deux ans.

La question du drapeau national et de l'hymne national ne se pose pas, même dans le parti démocrate (quand on pense aux débats sans fin lorsque Ségolène a approuvé la présence du drapeau français et le chant de la Marseillaise dans ses meetings !!! ). Tous les partis convoquent ces deux emblèmes aimés de la population. Leur absence serait très choquante pour les militants et les électeurs. Au terme "nationaliste" qui rappelle de très mauvais souvenirs non seulement à la Serbie mais à l'Europe entière , Boris Tadic substitue élégamment le terme moins connoté de "patriote" au sens citoyen du terme. Il promet également, avec beaucoup de solennité et une sincérité audible dans le ton de sa voix, de défendre le Kosovo et ses communautés serbes sans jamais plus recourir à la guerre et aux armes. Son discours porte malgré la fatigue qui marque son visage et casse un peu sa voix. Il a du charisme et un charme de séducteur façon George Clooney.

Demain, jour de la Saint Jean, grande fête pour beaucoup de familles dont il est le saint patron, aura lieu le premier tour de cette élection présidentielle dont le résultat est très attendu en Europe et en Russie.

Aucun sondage n'a été publié, tant l'incertitude est grande et tant les résultats se pressentent serrés.

En effet, la campagne a été très courte, seulement un mois, durant les périodes de Noel, Jour de l'an et de slavas particulièrement nombreuses en décembre. L'absention représente aussi un grand risque ce dimanche, beaucoup de familles seront dans leurs villages pour cette "slava" de Jovan.

Une probabilité que donnent tous les Belgradois : le 3 février verra peut être s'affronter au second tours, Boris Tadic du Parti Démocrate et Tomislav Nikolic du Parti Radical.

En français, on pourra suivre la soirée électorale sur les sites internet de RFI et du Courrier des Balkans.


mercredi, janvier 16, 2008

Hillary et Beatrice

Beatrice est mon amie depuis 20 ans.
Elle a épousé Shelby et vit dans l'Arkansas.
Ils connaissent bien Bill, Hillary et Chelsea, forcément à Little Rock !
Ils sont partis le 3 janvier dans le New Hampshire, dans le froid et en mini-bus avec tous les amis de Bill. "Arkansas Travelers".
Ils sont enthousiastes, sincères, ils aiment l'Amérique de la liberté, de la générosité, de la conquête aventureuse et humaniste.

Beatrice est la jolie femme souriante, habillée de noir et badgée pour la campagne. C'est le soir des résultats dans le New Hampshire.


Beatrice et Shelby avec Chelsea

Beatrice écoute Bill et regarde Shelby.


Vivement le super Tuesday !

Bises, rebises, et courage ! Je vous envie, cette campagne est exaltante, et vous savez combien j'aime cette atmosphère de combat d'idées, de stratégie politique et de fête démocratique.

L'avenir du monde entier dépend en partie de cette élection !

mardi, janvier 15, 2008

Enfin, une critique !

AFP. 15 janvier - 13h30

Vie privée/Sarkozy: le chef du PSE en colère

Le chef du groupe socialiste au Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, a déploré que l'étalage de la vie privée du président français ait pris le dessus sur les affaires politiques dans les médias.
"Trois thèmes cruciaux sont sur la table pendant la présidence slovène de l'Union européenne au cours des prochains six mois: le changement climatique, l'avenir du Kosovo et la ratification du traité de Lisbonne. Mais au lieu de se concentrer sur ces importants défis politiques, l'UE le fait sur la vie privée de M. Sarkozy", a-t-il déclaré.
Le débat dans la presse a été dominé "pendant quatre mois par Cécilia, et maintenant qu'elle est out, c'est quatre mois avec Carla Bruni. C'est ridicule" a-t-il estimé lors d'un point presse en marge de la session du Parlement européen.

mardi, janvier 08, 2008

Et Dieu dans tout ça ? Il fume....

Retour. C'était Noël hier ! Srecan Bozic ! un Noël de carte postale, tout blanc ! Jours fériés donc. Belgrade est calme, calme, plus d'embouteillages, plus de magasins ouverts jusqu'à point d'heure. Seuls quelques feux d'artifices et les carillons des églises. Agréable.







Belgrade transformée en vraie patinoire. Neige et vent donnent verglas, les belgradois tombent comme des quilles, les voitures partent en vrille, mais la ville est assez jolie. Les enfants se régalent dans les rues tranquilles : glissades, batailles ...

Au marché, rien ne peut vraiment se vendre, tout gèle, sauf les traditionnelles couronnes en feuilles de chêne, et les lentilles germées en pot. Les quelques fruits et légumes sous les couvertures ont très mauvaise mine, gelés et ramollos.


Les murs se couvrent d'affiches. Elections présidentielles le 20 janvier !!! Finalement, on peut même trouver Tadic plus sweet and fun que Nik Sark ... c'est dire comme la france paraît sombre (brunie ?, c'était la "mauvaise" mais drôle Une de Libé du 1er janvier).


Sinon, la France, c'était vraiment plutôt morose malgré l'abondance des fêtes. Et les cafés belgradois, enfumés, paraissent en contraste libres, joyeux, toniques, effervescents.

Que ne disparaissent pas les paquets de Drina, équivalents de nos vieux paquets de Gitanes, au temps béni où d'hideuses menaces de morts ne s'étalaient pas aux pieds de la danseuse bleue tant aimée par Gainsbourg.

C'est Noël, et ici, Dieu est toujours fumeur !