lundi, décembre 10, 2007

Skopje l'été dernier

Avec le début des frimas, on ne souvient presque plus de la canicule de l'été dernier. Parfois le thermomètre restait bloqué au-delà de 40° pendant plusieurs jours d'affilée, lorsqu'il descendait à 35°, on respirait et recommençait à sortir. A Skopje, à l'intérieur des terres, c'était la fournaise. Dans la journée, la ville était vide, puis toute la nuit, les habitants prenaient l'air et le frais (relatifs). Les terrasses étaient bondées, le pont était un night-club à ciel ouvert.



Le Vieux Hamam

Ici, le chauffeur de taxi, une professeur de philosophie, un informaticien parlent d'Alexandre le Grand comme s'il s'agissait de leur grand-père et des Saints Cyrille et Methode (introducteurs du slavon, précurseurs du cyrillique) comme s'ils les avaient rencontrés hier. D'autres sentent bien tous les dangers de cette exaltation historique. Le conflit avec la Grèce sur l'héritage antique et le nom de Macédoine semble s'estomper. L'intégration européenne approche.
On va et vient entre les temps les plus anciens et le futur ambitieux de ce tout petit pays. Un petit pays plein d'énergie, jeune, et qui sait ajuster en permanence les complexes dimensions de son multiculturalisme. On parle aussi surtout de l'exceptionnelle canicule.

Notre hôtel, kitschissime, au-dessus de la ville. Pour ceux qui détestent le tourisme de masse, c'est une destination à privilégier. Lors d'un deuxième séjour, l'Holiday Inn était vide. Inutile de réserver vous préviennent les réceptionnistes, ce ne sont pas les chambres qui manquent...

Au loin, une croix gigantesque domine la ville.

Mère Térésa, albanaise, est née à Skopje. Un grand monument le rappelle dans le centre.

"Et bientôt, les buildings de Skopje, la ville la plus neuve d'Europe, puisque entièrement reconstruite après le grand tremblement de terre de 1963. Reconstruite et définitivement inachevée. (...) Skopje : un urbaniste japonais pour la rive droite du Vardar où la ville s'adosse à la montagne, un architecte polonais pour le Musée d'Art Moderne, et combien d'autres encore, ont participé à la reconstruction, après le séisme. C'est comme un concours internaional d'urbanisme dont on aurait permis à chaque concurrent de construire son projet en grandeur réelle pourvu qu'il l'abandonne ensuite, primé ou pas, sur le terrain. Fruit d'un grand élan de solidarité, la capitale de l'ex-République fédérée de Macédoine a quelque chose d'inachevé, un puzzle dont les morceaux resteraient à distance les uns des autres. Une autoroute passe en tranchée dans la tcharchia reconstituée, mosquées et échoppes au pittoresque renforcé, et franchit le fleuve en doublant l'étroit pont ottoman. De larges avenues, des rues au carré qui continuent à s'appeler Gorki ou Leninova, des barres hérissées de tours comme des murailles crénelées, ciment, verre et briques, sur des dalles piétonnières dont les allées sont tellement identiques qu'on s'y perd à coup sûr...."

François Maspéro, Balkans Transit
Mais aussi, dix ans après, beaucoup de verdure, de fleurs (un peu désséchées certes dans la chaleur), de la musique partout, des bars, des cafés, de la vie bouillonnante...malgré la sensation d'enfermement d'une capitale coincée entre des pays qui ne s'aiment guère.


La Place Centrale

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