mercredi, avril 04, 2007

Semainier de campagne 3

Mon semainier de campagne 3
L’une avance, l’autre dérape.
Ségolène Royal avance en déclinant les propositions de son pacte présidentiel. Des propositions utiles pour remettre en marche la Maison France, pour répondre aux problématiques majeures que notre génération et nos enfants devront résoudre.
Des propositions concernant le développement durable d’abord. Et l’on sait que le changement climatique représente une menace majeurs dont les conséquences économiques, sociales, géo politiques et de santé publiques seront immenses.
(propositions : soutien massif aux économies d’énergie, développement des énergies renouvelables pour qu’elles atteignent 20% de la consommation d’ici 2020, prélèvement exceptionnel sur les superprofits des groupes pétroliers pour financer le développement des transports collectifs, constitution d’un pôle public de l’énergie, fermeture des centrales nucléaire vieillissantes et dangereuses, débat public et moratoire sur l’EPR tant que le rapport investissement –colossal et retour sur investissement n’aura pas été convaincant, application du principe pollueur/payeur ….)
Des propositions concernant le pouvoir d’achat (réévaluation de l’indice des prix), le logement, la précarité.
Elle a su écouter Martin Hirsch, le Président d’Emmaus France, qui veut lutter contre la spirale de l’assistanat et de la désinsertion. Elle a repris dans son intégralité l’une de ses propositions qui va bien dans le sens de la morale de l’action politique qu’elle veut impulser (un droit = un devoir) : instauration d’un revenu de solidarité active améliorant d’un tiers les ressources de tout bénéficiaire de minima social reprenant un travail.
Dans cette même logique, elle propose que l’allocation autonomie qui doit faciliter les études et l’entrée dans la vie active des jeunes, soit bien évidemment conditionnée aux ressources mais aussi oblige à une contrepartie, soit une obligation de formation continue ou de recherche active d’emploi sur 6 mois, soit pour les étudiants une obligation de donner des heures de soutiens scolaire auprès d’élèves en difficulté (et l’on sait que les élèves qui réussissent sont ceux qui sont soutenus en dehors du temps scolaire parce que leur famille en ont le temps et les compétences ou ont des revenus suffisants pour payer des répétiteurs, situation qui perpétue les inégalités devant la réussite scolaire).
Cette semaine a aussi été marquée par les " émeutes de la Gare du Nord ". La perplexité nous a tous saisi face à cet événement surmédiatisé.
En effet, comment expliquer qu’un simple contrôle de titres de transports dégénère en bataille rangée entre des centaines de personnes (des jeunes vraiment ?) et des bataillons de CRS ? ? ?
Personnellement, je ne me l’explique pas.
J’ai pris le train de banlieue pendant des années et je n’ai jamais vu cela.
Ségolène Royal a à juste titre souligné qu’un tel divorce entre la population et les professions en uniforme n’est plus viable. Qu’il faut réparer de toute urgence le corps social. Que ces événements témoignent d’un désordre inacceptable.
Nicolas Sarkozy tient depuis une semaine des propos d’une violence intolérable. Il a dit que la gauche était du côté des fraudeurs (sans rappeler qu’il encourageait récemment à l’exil fiscal donc à une certaine forme de fraude), que lui était du côté des honnêtes gens. Il a ainsi insulté l’ensemble des électeurs de gauche , très nombreux, puisque les élections de 2004 ont donné à la gauche la majorité dans 21 régions sur 22 et plus de la moitié des conseils généraux.
Opportunément, il veut ramener le débat présidentiel sur la sécurité tout en s’affranchissant de son bilan de Ministre de l’Intérieur, et espère rejouer 2002.
L’histoire ne se répète pas.
Et dans cette " émeute de la Gare du Nord " subsiste quelque chose de factice, quelque chose qui " ne va pas ".
Nicolas Sarkozy a ensuite répété à Nice son dérapage de Caen. Je cite ici ses propos : " Je suis de ceux qui pensent que la France n’a pas à rougir de son histoire. Elle n’a pas commis de génocide. Elle n’a pas inventé la solution finale. "
Ces propos qui renvoient l’Allemagne à son passé nazi sont graves pour un futur chef d’état qui devra piloter la construction européenne avec ce pays majeur. L’Allemagne est notre alliée depuis 60 ans au cas où il l’aurait oublié ! Ces propos sont insupportables parce que l’Allemagne a fait sur sa propre histoire un travail de mémoire que la France a à peine entamé. Et l’on peut porter au crédit de Jacques Chirac d’avoir inauguré ce travail de mémoire avec son fameux discours du Vélodrome d’Hiver que Ségolène Royal cite très justement chaque fois qu’elle évoque l’histoire de la Nation Française. La France qui découvre en 2007 que l’Armée qui l’a libérée en 1944 était composée en grande partie d’Indigènes (Nicolas Sarkozy n’a d’ailleurs pas voulu aller voir le film, ni en compagnie de Jacques Chirac, ni seul) n’a pas de leçon à donner à son partenaire européen.

Ségolène Royal a décidé de répondre cette fois directement à son adversaire. Elle a raison. Face à cet extrêmisme, face à ce mépris, face à ces remugles, on doit opposer un refus inconditionnel. Tout en ne se laissant pas entraîner.
Gageons que la semaine prochaine, l’une continuera de construire tandis que l’autre continuera de dégringoler en roue libre.