Le déprogrammé...

La presse française vient d'inventer un superbe nom commun "déprogrammé". Etre déprogrammé ou ne pas l'être ? Telle est la question que se pose la Serbie quant à son entrée au répertoire européen.
Hier aussi dans Le Monde, un article nerveux et talentueux, de la jeune dramaturge belgradoise Bljana Srbljanovic, intitulé : "Ce que signifie être ami de la Serbie". Ce n'est pas tant l'affaire Handke qui suscite son indignation, car à juste titre, il est "déprogrammé" à tous les sens que l'on peut désormais imaginer pour ce terme (et là encore la SF nous ouvre des sens très appropriés, car le Handke penché sur la tombe du dictateur m'apparaît comme un clone mal programmé du Handke traducteur de René Char et scénariste des Ailes du désir...), mais l'utilisation du terme "pro-serbe" pour ceux qui soutiennent la dictature des années Milosevic.
Etre pro-serbe aujourd'hui ne serait-ce pas plutôt vouloir que la population qui a destitué elle-même le régime de la guerre entre dans l'espace européenn rapidement ? Qu'une génération entière puisse ne pas être enfermée dans d'étroites frontières ? Que la jeunesse serbe puisse voyager sans les humiliantes procédures de délivrance de trop rares visas ? Qu'elle puisse voir des musées, des capitales, des festivals, rencontrer des jeunes d'autres cultures ???
Pour lire cet article : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-775452,0.html
Un précision sémantique cependant, on peut être déprogrammé mais néanmoins honoré et primé, la vie intellectuelle adore les paradoxes ...
"Peter Handke, le déprogammé-du-Français, vient de voir l'ensemble de son oeuvre couronnée d'une des plus prestigieuses récompenses littéraires allemandes : le prix Heinrich Heine. Avant lui, W.G. Sebald, Elfriede Jelinek et d'autres écrivains de même envergure ont reçu cette distinction remise par la ville de Düsseldorf. A noter la présence dans le jury d'un Français, Jean-Pierre Lefebvre, l'un de nos meilleurs germanistes, traducteur notamment de Paul Celan et maître d'oeuvre de l'Anthologie bilingue de la poésie allemande parue en Pléiade en 1993. Manifestement, en couronnant l'oeuvre de Handke, le jury de Düsseldorf n'a pas tenu compte de son soutien inconditionnel à Svobodan Milosevic et à la cause serbe, contrairement à Marcel Bozonnet de la Comédie-Française. " in Pierre Assoulin, La République des livres, http://passouline.blog.lemonde.fr/livres/


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