jeudi, avril 20, 2006

D'une baie à l'autre

"Mais le monde n'a jamais été pour moi un lieu hostile", Hans Jonas, Souvenirs, 2005 pour la traduction française


Ce blog va s’interrompre.
J’aurais beaucoup appris à l’écrire.
Retour le 8 mai.
Pour creuser toutes ces questions qui trouvent leur cohérence : les futurs, l'héritage culturel, le devenir technologique, le catastrophisme éclairé, le refus de tout apocalyptique, l'empreinte d'Enée, le devoir d'optimisme, la régénération des sphères ...

Départ sur les traces d’Enée.
Vers Naples cette fois.
« Alors le pieux Enée élève à son compagnon un immense tombeau, orné de ses armes, de sa rame et de sa trompette : c’est au pied du mont aérien, qui s’appelle aujourd’hui Misène en son honneur et qui, à travers les siècles, gardera son nom éternellement. » Virgile, Eneide





Puis, dans cette baie au paysage de genèse, la Baie de Somme, étonnante. Où reviennent toujours en écho des phrases d’Hans Jonas, ce philosophe déterminé à sauver l’humain du désastre contemporain par sa fidélité inébranlable au vivant. Malgré le XXème siècle, malgré les horreurs, malgré le mutisme désormais éternel de Dieu (Le Concept de Dieu après Auschwitz, l'un des plus émouvants livre de philosophie).
Hans Jonas restera avant tout le créateur du concept « principe de responsabilité » dont nous n’avons pas fini d’épuiser la richesse, première entrée fracassante du souci écologique global dans la philosophie occidentale.
Mais il est aussi le penseur de ce qu’évoque ce paysage de Baie de Somme : la bénédiction génésique du renouvellement des générations sans lequel l’avenir ne s’invente plus, sans lequel s’émoussent la tonicité et l’enthousiasme du vivant, l’étonnement et la surprise nécessaires à la création. La bénédiction et la grâce de notre condition mortelle.
Le cri d’un bébé ouvre le livre immense du « Principe responsabilité », le « Droit de mourir » achève l’œuvre de celui qui remet entre les mains de chaque mortel l’étincelle immortelle de l’à-venir, celle de la responsabilité d’une vie digne et humaine pour les générations futures.

La philosophie d’Hans Jonas est source d’inquiétude féconde et éclairante. Une philosophie de science-fiction.
















« Or être conscient de la part d’ombre, comme précisément nous le devenons maintenant, se tourne paradoxalement en un regard lumineux d’espoir : il ne laisse pas se taire la voix de la responsabilité. Cette lumière-là ne luit pas comme celle de l’utopie, mais sa mise en garde éclaire notre chemin, conjointement avec la croyance en la liberté et en la raison. Ainsi le principe responsabilité rencontre tout de même à la fin le principe espérance – non plus le débordant espoir d’un paradis terrestre, mais celui, plus modeste, que le monde continuera d’être habitable et que notre espèce poursuivra une vie digne de l’homme sur l’héritage qui lui est confié, certes point misérable mais néanmoins limité. C’est sur cette carte que je voudrais miser. » Hans Jonas, Technique, liberté et devoir, in La Science comme vécu personnel, 1988.

1 Commentaires:

At 18/1/07 18:40, Blogger No Hassle Loans a dit...

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