lundi, avril 17, 2006

Du pont au vaisseau spatial ...
























« De tout ce que l'homme érige et construit, guidé par le fil de sa vie, rien n’est meilleur et ne vaut plus à mes yeux que les ponts. Ils ont plus de signification que les maisons et sont plus sacrés que les temples. Appartenant à tout le monde, utilisés et construits en des endroits où les hommes ont besoin de se rencontrer, ils sont plus pérennes que les autres bâtisses et n'ont aucune fonction pour ce qui est obscur ou mauvais » Ivo Andric, Le Pont sur la Drina


Débuts de pâques sous les eaux boueuses d’un Danube débordant et d’une Save hors de son lit.

A Belgrade, ce samedi des rameaux, les enfants portent de charmantes couronnes tressées de branches de saules et de rubans de couleurs, certains avec des petites roses en tissu. Cela leur donne un visage très ancien et très païen (ils me font penser à des petites divinités du printemps). Ils portent autour du cou des cloches en argent ou de pacotille, selon leur appartenance sociale, ce qui ajoute encore à cette atmosphère de « primavera » antique et éloigne toute la lourdeur symbolique des religions. Pour une fois qu’une fête religieuse m’apparaît légère et joyeuse … !

Ensuite, ce sont des nouvelles plutôt inquiétantes qui n’arrêtent pas d’arriver. Les inondations deviennent de plus en plus préoccupantes. Depuis une semaine, plusieurs routes et rues étaient coupées, les quais inondés, des maisons, des champs, des restaurants, des installations sportives et des parcs entièrement disparus sous les eaux. Les habitants et le bétail sans abri.
Ce week-end, le Danube a atteint son niveau record depuis cent ans. Des volontaires ont été recrutés pour prêter main forte aux services techniques, aux services d’urgence, aux policiers et aux militaires débordés par des petites ruptures de digue qui menacent toujours de s’élargir et d’amplifier des dégâts déjà considérables. Cette deuxième crue dans les Balkans, la dernière remonte au mois d’août, s’annonce dramatique pour des milliers de personnes et pour l’agriculture. La Roumanie et la Bulgarie sont encore plus durement éprouvées que la Serbie.

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Les ponts résistent cependant, et chaque fois que nous les traversons (souvent ici), personne ne peut oublier leur importance. J’aime ces villes dans lesquelles les ponts nous rappellent toujours combien l’humanité n’existe que par les inventions et les constructions d’artéfacts qui la protègent de la brutalité climatique.

Ils sont une puissante preuve de la dépendance de notre bien-être et de notre survie aux technologies, et de notre adaptation culturelle aux changements qu'elles induisent.
Et, avec le dérèglement climatique que nous provoquons et aggravons de jour en jour, qui peut encore avoir encore peur des avancées scientifiques, culturelles et technologiques, qui peut ne pas souhaiter leur accélération ?

Hier et aujourd’hui, les ponts ont permis et permettent des passages essentiels et existentiels ; demain, la métaphore et la réalité du vaisseau spatial prendront leur pleine dimension … quoique nous puissions en penser ...






1 Commentaires:

At 18/4/06 12:51, Anonymous Anonyme a dit...

"Pour une fois qu’une fête religieuse m’apparaît légère et joyeuse … !"
Mais la Fête des Rameaux est une fête joyeuse, puisqu'elle célèbre l'entrée de Jésus, sous les acclamations, dans Jérusalem !!
Voilà, c'était le commentaire catho du jour ;-)
Grosses bises.
Marie-Agnès

 

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