vendredi, avril 07, 2006

Le climat, la SF et les politiques à venir …














« Les cultures sont des systèmes atmosphériques. (….) L’avenir sera une ère de technique du climat, et donc une ère technique tout court. (…) Tout doit être produit sous forme technique, aussi bien l’atmosphère métaphorique que l’atmosphère physique. La politique sera une section de la technique du climat. » Peter Sloterdijk, Ni le soleil, ni la mort,2003 pour la traduction française.

Le climat joue au yo-yo avec des amplitudes de température nettement supérieures à celles attendues pour un printemps serbe. Dans l'Europe de l'Est, inondations, glissements de terrain, passages brusques de 23° (avant-hier) à 4° (hier à 17h00) provoquent des dégâts considérables, détruisent des maisons et jettent des familles dehors. Et moins spectaculaires, mais effets secondaires importants, ruinent tout espoir pour les agriculteurs et les citadins de récoltes faciles et de fruits et légumes à des prix abordables dans les mois qui viennent.

Le changement climatique a été l’un de sujets de recherche privilégié ces dernières années du groupe auquel j'appartiens. Ce qui nous a amené à une passion inextinguible pour la science-fiction contemporaine. Pas un roman publié depuis trente ans qui ne prenne en compte un brusque bouleversement climatique sur la Terre.
Etrangement, ce lien changement climatique / science-fiction nous a conduit à évoluer : d’une adhésion (toutefois toujours mitigée) des constats et surtout des solutions apocalyptiques (qui me laissaient toujours perplexe avec leurs relents de techno-facho-pétainiste, façon travail, famille, retour à la terre et à la bougie) à une adhésion de plus en plus grande pour les solutions technologiques, et même hyper-technologiques, qui impliquent une mutation de l’espèce humaine et de notre civilisation.
Mutation est l’autre beau nom de la métamorphose (un très ancien concept partagé par les différentes cultures de notre planète) et ne nécessite, après tout, aucune rupture brutale et traumatisante, avec l’avantage d’éviter tout retour en arrière stupide. Elle nous ouvre le devenir.
Donc pas d’optimisme béat mais un enthousiasme volontariste.
Oui, les crises énergétiques et climatiques provoqueront des turbulences, des tempêtes et des destructions. C’est déjà le cas. Cela ne fait que commencer. Il nous faut tout faire pour en limiter très vite les dégâts humains et environnementaux.
Toutefois, même en envisageant des périodes transitoires de pénuries et d’extrêmes difficultés, le plateau de richesses d’où nous partons reste inégalé et incomparable dans la très longue histoire de l’humanité. Même si nous n’en sommes pas encore tous conscients et tous solidaires dans cette conscience. Même si cette assertion peut paraître provocatrice.

Les périodes prévisibles de transitions énergétiques et climatiques ne signent pas la fin des temps ; et même si nombreux sont les textes qui écrivent le contraire, le devenir vivant n’a pas dit son dernier mot.
La capacité humaine à fabriquer des serres maternantes, à climatiser des espaces insulaires, ne s’arrêtera sans doute pas parce que s’achève une forme civilisation.
Son savoir et sa science ne s’effondreront pas brusquement sans laisser de trace surtout lorsque ce savoir et cette science ont atteint un tel degré de sophistication et de complexité : des amortisseurs efficaces pourront être activés.

Demeure alors le problème politique : les questions essentielles seront sans doute , elles le sont d'ores et déjà, des questions de solidarité avec l’étranger le plus lointain et des questions de gestion et d’organisation d’espaces bien climatisés.

Mais … lorsque celles-ci seront à peu près en voie de résolution, nous pourrons nous consacrer à la recherche et à l’exercice d’une vie riche, intense et luxueuse, une vie adulte enfin...