mardi, mars 14, 2006

Une analyse limpide

Depuis des jours, je cherche à exprimer impartialement ce que j'ai lu, ce que je lis encore et ce que me disent les ex-yougoslaves que je rencontre ici, ceux qui ont contribué au renversement de S.Milosevic, ceux qui faisaient partie du million de personnes qui ont participé aux journées de Belgrade en 2000 et ceux qui les ont soutenues.

Enfin, je trouve aujourd'hui, clairement exposé et en peu de mots, le résumé adéquat de ce que j'entends ici.


C'était aujourd'hui dans le NOUVELOBS.COM 13.03.06 17:30

Ce procès est un fiasco ... intéressant !

par Catherine Samary,maître de conférenceà l'université Paris-Dauphine et à l'institut d'études européennes de Paris VIII,spécialiste des Balkans



Quelles conséquences peut avoir le décès de Milosevic ?

- C'est très dommageable qu'on ne puisse pas aller au fond de ce procès. Rien ne sera prouvé: ni du côté de ceux qui disent Milosevic coupable de génocide, ni du côté de ceux qui considéraient qu'on ne pouvait pas prouver ça. La mort de Milosevic va plutôt consolider son image de victime.
D'autre part, ce procès non terminé ne va pas aider à faire la lumière sur l'ensemble des crimes commis en Croatie, notamment sur les responsabilités sur la guerre en Bosnie qui a fait 100.000 morts dont 70% de musulmans.

Quelles conclusions pouvez-vous donner sur ce procès inachevé ?

- C'est un fiasco dans l'ensemble, mais un fiasco intéressant. D'une part, parce que la thèse de l'inculpation de Milosevic, qui veut lui donner la responsabilité première des nettoyages de l'ex-Yougoslavie, n'est pas démontrée. Même si Milosevic a une implication majeure sur ce point, c'est complètement faux, sur le plan politique et factuel, de dire qu'il était le seul responsable. Milosevic était accusé de génocide sur la Bosnie-Herzégovine. Or si cette accusation était validée, elle devait l'être aussi pour les dirigeants croates. Il a en effet une co-responsabilité avec Franjo Tudjman, président de la Croatie pendant toute la décennie 90. Il y a ainsi des non-dits. Par exemple, Milosevic a été inculpé pendant la guerre de l'OTAN (sur le Kosovo), en 1999.Or, c'est en 1995-96 qu'il a été le plus impliqué dans le plan de partage de la Bosnie (et ce, en connivence avec les dirigeants croates qui n'ont eux pas été impliqués). Mais il y a eu silence des grandes puissances, car à cette époque, Milosevic était l'appui de leur plan de paix, y compris à Dayton, de 1993 à 1998 (donc au moment de Srebrenica). Cependant, il n'est pas non plus démontré que le TPI soit le strict instrument des grandes puissances, même s'il est contraint sous condition de leur choix. Il a une logique juridique indépendante réelle qui cherche à se crédibiliser notamment en arrêtant des dirigeants non serbes. Mais, il aurait été préférable que Milosevic ait été jugé par une juridiction nationale, appuyée par des démarches nationales, avec possibilité de recours pour les victimes devant un tribunal international, au cas où le premier jugement n'aurait pas été suffisant.

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