mardi, mars 21, 2006

Tods, Ferrari, Corriere : l'aristocratie libérale italienne choisit la gauche






Si les images d’un Silvio Berlusconi outré, d’un Cavaliere désarçonné face à des chefs d'entreprise fameux qui s'opposent à lui , nous amusent, elles doivent aussi nous amener à laisser tomber préjugés et simplifications.
Le libéralisme n’est pas la loi de la jungle. Le libéralisme n’a rien à voir avec le capitalisme financier ou ultralibéralisme d’aujourd’hui.

Nous pouvons même dire que nous ne connaissons pas de société véritablement libérale. Et nous n’en connaîtrons pas dans l'avenir si la gauche n’accepte pas de se colleter sans tabou au libéralisme, à son histoire et à son devenir.

Le libéralisme, dans sa tradition philosophique, associe étroitement « la défense des libertés personnelles à l’efficacité des règles collectives ». Le libéralisme combat à la fois l’asservissement et la précarité : pas de liberté(s) sans une certaine sécurité collective. La hantise de la pensée libérale est justement cet ultra libéralisme dérégulé du profit maximum. Car sans normes, sans valeurs partagées, sans régulations, aucune liberté ne peut s’exercer sauf aux dépens de celles d’autrui.
Et ainsi, dans la mesure, où tout un chacun peut anticiper le fait qu’un appareil juridique impartial garantira son droit à agir librement sans abus de pouvoir ou de domination, les sociétés libérales sont des sociétés confiantes et responsables : force est de constater qu’elles n’existent pas encore, loin s'en faut !!! .
Spontanéité, hétérogénéité, confiance, indépendance individuelle pour mener à bien une coopération sociale efficace (privée ou publique), « égalité des possibles » par une garantie d’accès à des biens publics fondamentaux, mutuelle assistance par la participation volontaire à une même communauté : on retrouve ici les bases du libéralisme traditionnel mais aussi celles d’une société ouverte, démocratique et … de gauche !
Le libéralisme et la gauche doivent à présent engager un flirt passionné. Les industriels italiens le comprennent à merveille. Avec le glamour de ces latin-lover déclarés, la gauche européenne tout entière ne devrait pas résister longtemps.

Comme l’écrit Monique Canto Sperber, à qui ce « post » doit beaucoup, (cf : Les Règles de la liberté ; Pourquoi le libéralisme n’est pas le laisser-faire) : « La question clé d’aujourd’hui ne serait donc pas de savoir comment sortir du libéralisme mais plutôt de savoir comment y entrer enfin. »

Les entrepreneurs italiens, en aristocrates sensés, affirment dans une provocation salutaire que « richesse oblige » ! Entendons-les .

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