mercredi, mars 08, 2006

Aujourd'hui, la Journée internationale des femmes

Ce blog est encore en chantier.
Indulgence donc pour la forme (difficile de maîtriser tous les paramètres), pour le fond (l'écriture d'un post m'est encore exotique). Merci.


Aujourd'hui, la Journée internationale des femmes est une grande fête populaire en Serbie. Les enfants et les hommes offrent des fleurs et des petits cadeaux aux femmes de leur vie. Un grand soleil fait fondre la neige et la ville semble sortir de l'hiver. Une belle journée pour ouvrir ce blog. D'ailleurs, il est né aussi de l'envie de montrer que les femmes d'expatriés ne sont pas seulement de languissantes bourgeoises entre Emma Bovary et Anna Karénine, un préjugé que je partageais jusqu'ici mais sont aussi des femmes expatriées tout simplement. De l'envie de montrer comment les femmes serbes font tenir debout un pays mentalement et économiquement ravagé par la guerre. De la volonté de soutenir politiquement des femmes intelligentes qui savent que l'optimisme est devenu un devoir afin de préserver les possibilités du devenir de l'espèce humaine.(Quand une femme de notre génération - qui donc a du désir et de l'intérêt personnel pour l'avenir - gagnera enfin le droit de gouverner les Etats-Unis, l'ONU, la Chine, la Russie, l'Iran, l'Irak, Israël et bien sûr la France et la Serbie?)!
Il faudrait parler aussi de l'étrange manière dont les hommes ici se comportent avec avec leurs femmes, entre machisme pur et égalitarisme choquant issu de l'héritage communiste (pas un homme ne songe à vous tenir la porte, à laisser passer une femme, à lui céder sa place...)...encore un exemple pour mon playdoyer incessant pour un féminisme circonstancié, différentialiste.
Je ne considère pas comme une avancée du féminisme l'entrée des femmes dans des domaines où elles sont contraintes à singer les pires travers masculins et à renoncer à leur identité, au choix de leur genre, sans pouvoir remettre en cause les conditions mêmes de leur entrée dans ces domaines, conditions dictées par les pires valeurs des pires mâles. Ce féminisme là ne convaincra jamais les femmes qui en subissent les avanies, ni celles qui sont opprimées sous le joug religieux ou sous des régimes sans liberté. Ce féminisme là désolidarise les femmes entre elles.
Comment faire comprendre aux femmes irakiennes qui ont vu les femmes soldats d'Abou Graid, de Guantanamo que le féminisme est un progrès ? Et encore moins aux hommes qui en ont été les prisonniers ? Quelle utilisation et manipulation de ces images, quelle décrédibilisation de ce féminisme ? Totales, absolues.
Le féminisme doit être revisité de fond en comble, de toute urgence, il doit retourner aux sources, il nous faut recommencer là où Simone de Beauvoir et Germaine Greer nous ont montré le chemin, impérativement.
"Si l'égalité signifie le droit à une part égale des bénéfices de la tyrannie économique, ce droit est inconciliable avec la libération des femmes. La liberté dans un monde asservi n'est que la liberté d'exploiter. Le féminisme de façade affiché par les nations développées n'est que de la poudre aux yeux qui dissimule la masculinisation du pouvoir et la féminisation de la pauvreté dans les nations émergentes. Si vous croyez comme moi qu'être féministe, cela veut dire qu'avant d'appartenir à une race, une nationalité, une religion, un parti ou une famille, vous êtes une femme, vous devez vous sentir concernée par l'effondrement du prestige et du pouvoir économique de la majorité des felles dans le monde, comme conséquence directe de l'hégémonie occidentale. (...)Loin de s'être écrasée sur la rive, la seconde vague du féminisme est encore en pleine mer, où, lentement, inexorablement,elle croît et se multiplie. Celles qui sont vivantes aujourd'hui ne seront plus là pour assister aux premiers éclats du bouleversement à venir. Les femmes occidentales de la classe moyenne ont le privilège de servir la plus longue révolution de l'histoire, mais pas de la diriger. Les batailles idéologiques que se livrent les intellectuelles féministes sont nécessaires, mais elles ne sont qu'un préliminaire à l'émergence du pouvoir des femmes, qui ne surgira pas de la tiédeur des universités et de la presse féminine de consommation, mais nous fondra dessus sous la forme de femmes n'ayant rien à perdre, car elles ont déjà tout perdu. Il pourrait surgir de Chine, où tant de femmes divorcées pour avoir donné naissance à des filles, vivent et travaillent ensemble, ou de Thaïlande, où la prostitution et le sida déciment une génération, d'Iran ou d'ailleurs, où les femmes sont confrontées au fondamentalisme islamique, voire en n'importe quel lieu où la paysanne affamée voit des denrées de luxe destinées au marché occidental cultivées sur la terre qui jadis la nourrissait, elle et ses enfants. Et lorsque cette énergie s'embrasera, mieux vaudrait pour les femmes du monde riche qu'elles ne soient pas du mauvais côté." Germaine Greer, La Femme entière, 2002
Aujourd'hui donc, courons acheter des fleurs pour ne pas oublier cela, pour le transmettre aux enfants, et profiter aussi de cette ville encore blanche pour la journée ! Dans la Knez Mikhailova, pas une femme sans sa rose à la boutonnière, son bouquet de mimosa à la main, le printemps arrive bien avant Paris en Serbie !
Bonne journée donc, et continuons à avancer en toute solidarité.

2 Commentaires:

At 8/3/06 22:59, Anonymous Anonyme a dit...

Merci de nous avoir remis en mémoire ce beau texte ..et bon courage, le blog est une avanture sans fin...

Louise

 
At 21/3/06 09:00, Anonymous Anonyme a dit...

Toutes mes félicitations pour l'ensemble du blog (sur la forme aussi bien que sur le fond). Cela me donne l'envie d'en faire un moi aussi.
Et merci à Belgrade accueil pour avoir diffusé l'adresse.

Bien cordialement

Xavier Givelet

 

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